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Photo du rédacteurHugues Martinat

Démence sénile du chat : symptômes et conseils


Démence sénile du chat : symptômes et conseils par Equilicat - Comportementaliste Chat

SOMMAIRE


Rappel sur le processus de vieillissement du chat

Le processus de vieillissement du chat tout comme chez n’importe quel être vivant peut inclure une diminution ou un affaiblissement des capacités sensorielles (le goût, l’odorat, l’ouïe, la vision), des compétences motrices (locomotion, raideur, difficultés pour sauter et grimper) ainsi que des capacités cognitives.

Bien entendu, la probabilité de pathologies augmente également avec l’âge et de nombreuses maladies peuvent survenir à un âge avancé : hyperthyroïdie, maladie rénale, diabète, arthrose, maladie gastro-intestinale (MICI), tumeurs…

Il est important de souligner que seul le vétérinaire est l’interlocuteur concernant toutes les pathologies médicales pouvant atteindre le chat et c’est pourquoi une visite annuelle, voire biannuelle est recommandée pour les chats de plus de 12 ans.


Qu’est-ce que le syndrome de dysfonctionnement cognitif ?

Le syndrome de dysfonctionnement cognitif (SDC) est une affection établie chez les chats qui présente de nombreuses similitudes avec la maladie d'Alzheimer chez l'homme (ou encore le chien), où le déclin cognitif aboutit finalement à la démence (puis malheureusement l'euthanasie).

Selon Gunn-Moore, 50% des chats de plus de 15 ans développent au moins un problème comportemental lié au SDC ou sont atteints de démence sénile.

Les scientifiques ont, tout comme chez l’humain, observé des changements physiologiques et anatomiques dans le cerveau des chats de plus de 12 ans comme la perte de neurones ou diminution de la densité neuronale (Zhang C, et al., 2006), des ruptures de la myéline (gaine lipidique autour membrane des cellules du système nerveux qui permet une bonne conduction de l’influx nerveux) (Zhang et al., 2005 et Chase, 1983). Les dysfonctionnements cognitifs associés à cette pathologie sont aussi dus à une dégénérescence des cellules du cerveau et des lésions cérébrales, en particulier de l'hippocampe, une région du cerveau qui joue un rôle important dans la mémoire et l'apprentissage. Un scanner cérébral peut être nécessaire pour évaluer l'état de l'hippocampe et des autres régions cérébrales. Ces changements physiologiques provoquent notamment des déficiences de la fonction motrice entraînant une incapacité du chat à s’habituer à des stimuli répétés (le chat est alors effrayé et sursaute au moindre bruit) ou encore l’altération de ses cycles de veille-sommeil.

Les troubles cognitifs chez les chats peuvent également être causés par des troubles neurologiques ou vasculaires. Les chats atteints de ces pathologies présentent souvent des symptômes similaires à ceux observés chez les humains souffrant de démence.

Le dysfonctionnement cognitif dû au vieillissement du chat se caractérise aussi par des modifications de comportements non spécifiques tels que des vocalisations (miaulements) accrues, des cycles d’éveil et de sommeil perturbés, de la désorientation et d’autres altérations des fonctions exécutives et visuelles.


Avertissement sur la démence sénile du chat

Il est important de préciser deux points sur ce sujet avant de conclure à des manifestations de démence dont votre chat pourrait être atteint :

- le premier est que le syndrome de dysfonctionnement cognitif est un diagnostic d’exclusion (que seul le vétérinaire est prompt à mener). En effet, les changements comportementaux qui le caractérisent ne doivent pouvoir n’être attribués à aucune autre condition médicale. Il est donc primordial que les pathologies médicales les plus courantes aient été exclues et/ou traitées par votre vétérinaire (problèmes de thyroïde, rénale, atteinte sensorielle, arthrose, tumeurs, MICI, etc.) avant de conclure à des pertes cognitives.

- Le second point c’est que contrairement à l’idée reçue le vieillissement n’est pas synonyme ni de maladie ni de dysfonctionnement cognitif. On entend bien souvent à tort des sentences du type : « il miaule parce qu’il est vieux », « il ne peut plus grimper dans son lieu de repos favori parce qu’il est vieux », etc.

Et bien ce n’est pas forcément normal, car les études faites sur la cognition et la motricité des chats âgés en bonne santé, comparées à celle de jeunes chats montrent que les chats âgés en bonne santé sont aussi performants que leurs congénères plus jeunes.

En effet les études de Mc Cune (Mc Cune et al., 2008), de Landsberg (Landsberg et al., 2012) ou de Levine (Levine et al., 1987) montrent que nos chats seniors (en bonne santé) se débrouillent très bien dans les tests auquel on les soumet.

Dans ces études qui regroupent des tests de motricité et des tests cognitifs, les chats sont généralement regroupés par classes d’âge (les jeunes chats, les chats adultes et les chats seniors) puis sont soumis aux mêmes tests.

Sans rentrer dans le détail, les résultats des tests de motricité* montrent que les chats âgés ne présentent pas de perte dans la motricité fine et, même s’ils sont plus lents, font moins d’erreurs que les plus jeunes chats. Sur les tests cognitifs**, les différences entre les groupes d’âge ne sont pas significatives et même s’il existe quelques différences sur la proportion d’erreurs, ces données nous permettent de conclure que l’âge n’influe pas de manière significative sur les capacités cognitives du chat senior.

Ce manque de preuve du déclin cognitif ou de l’apprentissage spatial lié à l’âge veut clairement dire qu’il ne faut pas associer vieillissement avec dégénérescence du cerveau. Aussi, les changements de comportement de nos chats gériatriques ne peuvent être considérés comme « normaux », ils peuvent au contraire être révélateurs de pathologies à adresser à votre vétérinaire au plus tôt. À bon entendeur ;)


Les manifestations de la sénilité chez le chat senior

Il existe, tout comme pour la maladie d’Alzheimer chez l’Homme, différents stades dans la démence sénile. Plusieurs manifestations comportementales (une fois le diagnostic d’exclusion mené) peuvent vous alerter et montrer un déclin cognitif de votre chat, ce qu’on appelle plus communément la démence du chat âgé.


Les vocalisations

Il a couramment été observé une augmentation des vocalisations (Landsberg, Sordo, Cerna), notamment la nuit : le chat miaule dans le vide ou ses miaulements sont différents et il semble en détresse. Ces vocalisations accrues vont souvent aller de pair avec la désorientation, le chat miaulant face à un mur par exemple.


Les changements dans les interactions

La modification de ses interactions est un autre signe, il ne communique plus avec vous, ou au contraire il est beaucoup plus collant qu’avant, si son comportement change ce n’est pas un hasard c’est qu’il se passe quelque chose.


Les cycles de veille-sommeil perturbés

Même s’il est normal que le vieux chat dorme plus qu’avant et que cela ne doive pas forcément vous alerter, les premiers signes de sénilité se montrent principalement la nuit, son cycle de sommeil n’est plus le même et s’accompagne de vocalisations et de désorientation.


Des éliminations hors bac

Les éliminations hors litières peuvent aussi être une des manifestations de dysfonctionnement cognitif du chat (Landsberg 2012) lorsque la piste médicale a été exclue par votre vétérinaire. Le chat ne trouve pas sa litière et peut faire non loin ou sur son espace de repos. Sa séquence comportementale d'élimination peut aussi devenir incohérente ou perturbée par des stimuli divers de l'environnement.


La désorientation

Votre chat semble perdu, ne plus trouver son chemin, il semble parfois hébété ou comme « bloquer » à un endroit de la maison : il regarde fixement un mur, n’ose plus franchir le seuil d’une porte …


Difficultés dans les nouveaux apprentissages

Il se peut que votre chat ne puisse assimiler des changements dans son environnement ou dans sa routine et que toute modification le perturbe. Un déménagement, déplacer ses ressources, perte de son humain de référence sont des bouleversements que le vieux chat ne peut assimiler provoquant chez lui désorientation, perte de repère rassurant et donc augmentant potentiellement l’anxiété et le stress du chat.


Autres signes possibles

Les premiers symptômes de la démence féline sont souvent subtils et peuvent inclure une détérioration des fonctions cognitives telles que la mémoire, l'apprentissage et les fonctions exécutives. Les signes de démence chez les chats comprennent également des changements dans les habitudes alimentaires et le comportement, la possibilité d’une agressivité accrue ou d’une agitation.

Enfin, d’autres manifestations comportementales non spécifiques doivent aussi vous alerter. : s’il est hyper vigilant et montre des signes d’anxiété dans des situations pourtant connues de lui et dans lesquelles il n’y avait pas de difficultés auparavant il se peut que des pertes cognitives l’empêchent de s’adapter.

Attention cependant de ne pas interpréter une anxiété ponctuelle avec un dysfonctionnement cognitif, beaucoup de chats vieillissent très bien et ne sont jamais séniles, ils peuvent en revanche être ponctuellement stressés, comme nous. Pour cette raison, la visite chez le vétérinaire et le examens de vérification seront nécessaires avant de tirer une conclusion.


Comment aider le chat sénile

L’importance du binôme vétérinaire – comportementaliste

Il est important de consulter en premier lieu le vétérinaire qui, grâce à une médication, pourra soulager votre chat. Pas de traitement curatif, mais certains des symptômes de la démence féline sont réversibles avec une médication dès l’apparition de la démence et il peut être possible de ralentir la progression de la maladie pour préserver les fonctions cognitives.

Le comportementaliste chat, lui, peut vous aider à mettre en place un certain nombre d’aménagements qui viennent soutenir le traitement proposé par le vétérinaire. De plus, le comportementaliste chat va observer dans le milieu et les interactions s’il n’y a pas des sources potentielles de stress et comment les éliminer pour au contraire augmenter toutes les ressources de bien-être de l’environnement.

Les deux approches sont complémentaires pour une prise en charge bien-être globale !


Nutrition et alimentation

C’est aussi le rôle du vétérinaire qui pourra suggérer des compléments alimentaires qui supplée ses besoins en antioxydant (vitamine E et bêta-carotène) et en acides gras essentiels (comme les oméga 3 et 6). L’étude de Cupp et al. de 2006 (menée sur des chats en bonne santé) a montré que les chats supplémentés ont vécu significativement plus longtemps que les chats non supplémentés, ce qui peut être une piste intéressante pour notre sujet.


Aménagements de l’environnement

Les aménagements proposés dans l’article comment aider le chat âgé ? sont bien entendu à mettre en place selon les difficultés que rencontre votre chat cependant certains chats vivront mal les modifications de leur environnement et de leur routine, on veillera donc soit à limiter ces changements soit à les mettre en place progressivement.


Stimulations appropriées

Le niveau d’enrichissement et de stimulation dépend en effet des capacités de chaque chat ou de l’avancement de sa démence et une mauvaise stimulation pourrait avoir les effets contraires à ceux attendus (perte de repères, confusion, anxiété). Le jeu, s'il reste un élément bien-être important, doit être adapté aux capacités du chat. C’est notamment dans ce cas que l’aide d’un comportementaliste chat vous sera d’une précieuse utilité.


Modalités de contacts

On ajustera aussi les modalités de prise de contact avec son chat : on préviendra avant d’arriver (par la voix ou pour les chats sourds en actionnant l’interrupteur), on pourra dédier une pièce au chat si la présence humaine ou celles de congénères ou autres espèces le stressent.


En conclusion, la démence féline est une pathologie dégénérative qui peut affecter les fonctions cognitives des chats âgés. Les premiers symptômes de la démence sénile féline sont subtils, mais avec une surveillance attentive, les propriétaires de chats peuvent détecter les signes de démence tôt. Même si on ne peut guérir cette pathologie, les chats atteints de troubles cognitifs peuvent bénéficier d'un traitement précoce pour prévenir la détérioration cognitive. Avec un diagnostic précoce et un traitement approprié, les chats souffrant de troubles cognitifs peuvent récupérer une partie de leurs fonctions cognitives. Par ailleurs, n’oubliez pas qu’un chat qui entretien sa cognition tôt aura potentiellement moins de risque de développer ce type de pathologie, aussi pensez à aller lire l’article sur les gamelles ludiques afin de procurer à votre chat une activité physique et cognitive dès son plus jeune âge et de vérifier que votre chat dispose des ressources nécessaires pour être un chat heureux et actif.


Malheureusement lorsque le vétérinaire ne peut plus rien faire et que la souffrance de votre chat augmente, la douloureuse question de l’euthanasie va se poser : quand et comment prendre cette décision face à laquelle nous ne souhaitons pas nous confronter, comment gérer émotionnellement ce passage vers une vie sans elle ou lui, c’est ce que je vous explique dans l’article sur la fin de vie et l’euthanasie du chat âgé.

En attendant ce redoutable moment, il existe des solutions pour rendre la vie de votre chat plus sécuritaire et rassurante même si son petit cerveau lui joue des tours, à vous de le décider ;)


Si vous avez aimé cet article merci de le partager et le diffuser largement sur les réseaux sociaux afin d’aider les personnes concernées qui cherchent une information sur le sujet.

Vous pouvez aussi liker et en commenter l’article, je me ferais un plaisir d’en discuter avec vous !


À très bientôt.



* Les tests de motricité consistent en des parcours en hauteur sur des supports de moins en moins larges pendant lesquels on mesure le temps de latence (le temps que met le chat à commencer à traverser), le temps moyen pour parcourir le dispositif et le nombre de traversées réussies.

** Les tests cognitifs sont effectués via des boîtes à trou dans lesquelles sont positionnées des friandises. La position de la friandise est changée à chaque test. On mesure alors le temps que met le chat à trouver les friandises et le nombre d’erreurs. Ces expériences permettent d’évaluer la mémoire de travail (mémoire à court terme) et la mémoire de référence (mémoire implicite, celle à laquelle on fait appel sans avoir conscience du stockage préalable, l’expérience par exemple). D’autres tests (Labyrinthes en T ou en L) évaluent également l’apprentissage par inversion spatiale.



Hugues Martinat - Equilicat - Comportementaliste Chat

Si vous rencontrez des problèmes de comportement avec votre chat, n'hésitez pas à me contacter ou à consulter mon site internet.


Tel : 0763060599

Site internet : www.equilicat.com


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